OPINION. Les talibans au pouvoir en Afghanistan sont en lutte contre la culture du pavot dans le pays. Selon l'ancien ambassadeur européen Jean-François Cautain, qui réside à Kaboul, l'Europe doit les aider, en soutenant la reconversion des fermiers
Le 5 avril 2022, l’émir de l’Emirat islamique d’Afghanistan, le chef des talibans, décrète l’interdiction de la culture du pavot sur l’ensemble du territoire. Les contrevenants s’exposent à la destruction de leurs cultures et à de lourdes peines pénales. Par un rapport rendu public il y a deux semaines, David Mansfield, un expert dans les drogues illicites en Afghanistan depuis trois décennies, estime que des surfaces cultivées pendant la saison 2022-2023 ont diminué de 80%. Dans la province du Helmand, qui produit habituellement environ 50% de la production totale d’opium en Afghanistan, il constate la réduction de 99% des surfaces cultivées en pavot.
Vingt-deux ans plus tôt, au printemps 2001, quelques mois avant une chute du premier règne de l’Emirat islamique d’Afghanistan, je faisais partie d’une mission de contrôle invitée par les talibans pour vérifier l’absence de la culture de pavot dans les zones qu’ils contrôlaient alors c’est-à-dire : l’ensemble du pays sauf les provinces du nord-est contrôlées par l’Alliance du Nord. Cette mission était constituée de représentants de l’UNODC [agence onusienne de lutte contre les drogues illicites et les crimes], de l’agence gouvernementale d’aide étasunienne Usaid, du Ministère des affaires étrangères britannique (FCO) et de moi-même, dépêché par la Commission européenne.