La déclaration commune a été adoptée à l'issue de cette rencontre, prévoyant une coopération accrue dans des domaines de l'approvisionnement alimentaire, l'énergie et l'aide au développement. Elle appelle à « créer un ordre mondial multipolaire plus juste, équilibré et durable, s'opposant fermement à toute forme de confrontation internationale sur le continent africain », selon le texte publié sur le site du Kremlin.
Le texte prévoit aussi que Moscou aidera des pays africains d'obtenir réparation pour les dégâts économiques et humanitaires causés par les politiques coloniales occidentales, y compris la restitution des biens culturels pillés.
Le président russe a annoncé que le sommet Russie-Afrique se tiendra désormais tous les trois ans et un mécanisme de partenariat et de dialogue sera créé pour les questions de sécurité, y compris pour la lutte contre le terrorisme, la sécurité alimentaire et le changement climatique.
Il est également question de passer systématiquement aux monnaies nationales, y compris le rouble, dans des règlements financiers des transactions commerciales entre la Russie et l'Afrique, a ajouté Vladimir Poutine.
Le sommet s'est terminé sur une note plus chaleureuse qu'il n'avait commencé. Le président comorien, également président de l'UA, a félicité avec enthousiasme le président russe pour { la très bonne réussite } de ce sommet pour Vladimir Poutine, et même pour nous les Africains, a-t-il insisté.
Espoir d'un essor concret de coopération russe, d'une meilleure représentation par les instances multilatérales. Mais prudence sur les céréales : Azali Assoumani a répété que les dons russes ne suffisaient pas, qu'il fallait un cessez-le-feu avec l'Ukraine et que les États africains qui souffrent de cette guerre étaient prêts à se poser en médiateurs.
La veille, le président congolais Denis Sassou-Nguesso avait également souligné que : lorsque deux éléphants se battaient, c'était l'herbe qui était écrasée .
Ces deux dirigeants n'étaient pas sur la photo de famille avec Vladimir Poutine, encore les présidents bissau-guinéen et sénégalais, Umaro Sissoco Embalo et Macky Sall.
Des tensions entre dirigeants africains ont éclaté au grand jour, ce vendredi 28 juillet, lorsque le capitaine Ibrahim Traoré, du Burkina Faso, a décidé de { laver son linge sale en famille } lors d'une table ronde réunissant tous les partenaires présents à ce sommet. C'était la première fois que le capitaine Ibrahim Traoré se retrouvait devant une telle assemblée, lui qui dirige un pays suspendu de la Cédéao et de l'Union africaine depuis janvier 2022.
Le président de la transition au Burkina Faso s'est adressé frontalement à la vingtaine de chefs d'État et de gouvernement réunis autour de Vladimir Poutine : Je m'en vais m'excuser auprès des anciens que je pourrais vexer dans mes propos à venir. Les questions que nos générations se posent sont les suivantes : il s'agit de comprendre comment, avec tant de richesses sur notre sol, l'Afrique mais aujourd'hui le continent le plus pauvre. Et comment se fait-il que nos chefs d'État traversent le monde à mendier ? Il faut que nous, chefs d'État africains, arrêtions de nous comporter en marionnettes qui dansent à chaque fois que les impérialistes tirent sur les ficelles.
Des propos que le président sénégalais n'a pas laissé passer. Macky Sall a répondu au capitaine Traoré, dès le début de son intervention : Pour répondre à notre jeune frère, notre cadet : les chefs d'État ne sont pas venus ici pour mendier. Nous n'allons pas ailleurs pour tendre la main. On va travailler pour un partenariat d'égale dignité entre les peuples. C'est le même discours qu'on tient à Dakar, ici à Saint-Pétersbourg, ou à Washington. Et ce combat transcende les générations.
Le capitaine Traoré apparaît en treillis à la droite de Vladimir Poutine sur la photo officielle. Une photo que des présidents du Sénégal, du Congo et de la Guinée-Bissau ont donc préféré boycotter.
Lors du sommet Russie-Afrique, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a appelé Moscou et Kiev à s’entendre d’urgence pour relancer l’accord céréalier de la mer Noire. La Russie s’en est retirée, estimant que l'Ukraine et l'Occident ne respectaient pas leurs engagements à son égard et l’Égypte est le pays qui risque d’être de plus affecté par sa suspension.
L’Égypte est un des plus grands importateurs de blé via la mer Noire. Au cours du premier trimestre 2023, elle a importé près de deux millions et demi de tonnes de blé. Deux millions venaient de Russie et 200 000 d’Ukraine. L’arrêt des exportations de blé par la mer Noire pourrait avoir les conséquences catastrophiques pour l’Égypte qui importe la moitié des 20 millions de tonnes de blé consommés annuellement.
Du blé dont la majeure partie va au pain subventionné vendu à l’équivalent d’un demi-centime d’euro la galette. Un pain tellement vital que des Égyptiens l’appellent « al aych », la vie. La hausse les prix avec une inflation qui frise les 40% rend le quotidien du tiers des Égyptiens qui vivent sous le seuil de pauvreté de plus en plus difficile. Une pénurie de pain et c’est l’explosion sociale garantie, estiment des observateurs