Burkina Faso : { On voulait prolonger la transition sans toutefois faire son bilan}, dénonce la société civile
Le Burkina Faso a adopté le 25 mai 2024 la charte permettant au régime militaire du capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir en septembre 2022 par un coup d'État, de rester cinq ans de plus à la tête de ce pays miné par les violences jihadistes. Au sein de la société civile, le journaliste et ancien Président de la Commission électorale, Newton Ahmed Barry, dénonce les conclusions de ces Assises nationales. { On voulait prolonger la transition, sans faire de bilan de cette transition }, affirme de son côté Yoporeka Somet, Secrétaire national du mouvement Servir et non se servir (Sens).
{ Pendant que où la prolongation a été obtenue, le reste était sans objet }
Une seule journée d'Assises nationales a suffi à l'adoption de cette nouvelle charte, pourtant que deux journées étaient initialement prévues. Pour Newton Ahmed Barry, journaliste, ancien Président de la Commission électorale, ces Assises n'avaient qu'un seul objectif, explique-t-il au micro de Guilhem Fabry : { Ce n'était pas évidemment de réfléchir sur quoi que ce soit. C'était de faire la prolongation. À partir du moment où la prolongation a été obtenue, le reste était sans objet. On est dans un pouvoir militaire, et donc on n’est plus dans une transition. }
Pour le ministre de l'Administration du territoire, Émile Zerbo, les Burkinabè amorcent un tournant décisif de leur histoire, nécessitant un sursaut patriotique pour reconquérir le territoire face aux groupes jihadistes. Mais Newton Ahmed Barry ne croit pas aux raisons sécuritaires avancées par le régime : { Le terrorisme n'est plus qu'un prétexte, mais évidemment le bon prétexte pour ne pas quitter le pouvoir. Je pensais que nous, Burkinabè, nous étions prémunis contre des choses aussi grotesques, mais vraiment je me rends compte qu'on peut aussi bien monter haut que descendre dans les fanges. C'est là où nous en sommes aujourd'hui, hélas. }
Le régime d'Ibrahim Traoré est accusé pour réduire au silence les voix critiques. Ces derniers mois, plusieurs personnalités ont été arrêtées ou envoyées au front pour combattre les groupes jihadistes.