Guerre à l'Ukraine : intensification des combats sur l’ensemble de la ligne de front, les troupes russes à l'offensive

Vendredi 10 mai 2024, les troupes russes sont à l’offensive au région de Kharkiv en Ukraine. Kiev reconnaît qu’elles tentent de percer ses lignes de défense et affirme que ses troupes résistent. Les habitants de la localité ukrainienne de Voltchansk ont été évacués compte tenu de l’intensité de l’attaque.


Kiev s’y attendait et cela s’est confirmé vendredi : les troupes russes ont entamé leur offensive en franchissant la frontière du nord de Kharkiv.

Des centaines de personnes ont été évacuées de zones proches de la frontière russe, par la région ukrainienne de Kharkiv, a déclaré le gouverneur régional ce samedi. { Au total, 1.775 personnes ont été évacuées }, écrit le gouverneur Oleg Synegubov sur les réseaux sociaux, rapporte l'AFP. Il précise que la Russie avait procédé à des tirs d'artillerie et de mortier sur 30 localités de la région, au nord-est ukrainien, au cours des dernières 24 heures.


À Moscou, aucune confirmation officielle de cette offensive n’a eu lieu pour l’instant, mais on peut en déduire un objectif double. D’abord, faire reculer les Ukrainiens le long de la frontière avec la Russie par cette région pour en faire une zone tampon qui permettrait de protéger la ville et la région russe de Belgorod aux bombardements ukrainiens en contraignant Kiev à attaquer depuis plus loin.

Diluer aux plusieurs points les défenses ukrainiennes

Ensuite, exercer une nouvelle pression sur la ligne de front, contraignant Kiev à réallouer la partie de ses effectifs à la défense de la région de Kharkiv. L'opération qui servirait à fixer une partie des troupes ukrainiennes au détriment du reste de la ligne de front. Moscou aurait ainsi la possibilité d’exercer des pressions à d’autres endroits du front, et notamment dans le Donbass, afin d’identifier les fragilités ukrainiennes pour tenter une véritable percée.

D'après l'Institut américain pour l'étude de la guerre (Institute for the Study of War), cité par l'AFP, l'objectif principal de l'offensive était : d'attirer les capacités humaines et le matériel ukrainiens d'autres secteurs critiques du front.

Une option que les propos de Volodymyr Zelensky semblent confirmer. Le président ukrainien a annoncé ce 10 mai vers soir une intensification des combats sur l’ensemble de la ligne de front, alors que ces dernières semaines, les troupes russes sont parvenues à s’emparer de plusieurs localités, notamment près d’Avdiivka -déjà tombée aux mains des troupes russes en février - dans la région de Donetsk.

Kharkiv plus directement menacée ?

Même s’il faut encore faire preuve de prudence, ce que l’on peut discerner, c’est qu’il ne s’agit pas en effet d’une offensive majeure pour s’emparer de la seconde ville du pays, mais d’une opération de diversion, par un contexte difficile pour l’armée ukrainienne. D'après des sources militaires, quatre villages frontaliers auraient été pris par les Russes, soit une superficie de 30 km2, les autorités ukrainiennes ont immédiatement déclenché l’évacuation de la population civile. Il y a eu des victimes civiles, mais quand on y regarde de plus près, la ville de Kharkiv n’est pas menacée, et ce n’est là pas le cœur du problème.

Pour l'ISW (Institute for the Study of War) il ne semble pas s'agir d'une { opération offensive de grande envergure visant à envelopper, encercler et s'emparer de Kharkiv }, la deuxième ville d'Ukraine.

La conquête de la ville de Kharkiv n'est pas indispensable, nous expliquait aussi l'expert militaire Peer de Jong (lire ci-dessous) : on peut très bien imaginer qu'ils (les Russes) la contournent, qu'ils fassent partir à la population et qu'ils continuent tranquillement vers le Dniepr pour récupérer du terrain.