C’est une thèse défendue par le correspondant à Pékin du New York Times. Mais aussi le vœu exprimé par les industriels chinois. Pour faire repartir la machine, ils attendent le coup de pouce de l’État pour relancer les commandes et espèrent autant la reprise des achats américains. Le commerce demeure un des moteurs de l’économie chinoise.
Le marché intérieur censé prendre un relais des exportations tarde à délivrer ses promesses tandis que les gros clients de Chine, Europe et États-Unis confondus, ont revu à la baisse leurs importations en provenance de l’empire du Milieu : le mois dernier, les exportations chinoises ont chuté de 12 %
La couronne détenue depuis douze ans qui lui a été soufflée en début d’année par le Mexique, suivi du Canada. Selon les derniers chiffres du commerce américain, c'est-à-dire ceux des quatre premiers mois de cette année, la Chine n’est plus aujourd’hui que le troisième fournisseur des États-Unis.
Une tendance qui devrait confirmer dans les prochains mois : les Américains favorisent désormais la production de proximité, le grand mouvement de : reshoring , de relocalisation à l’œuvre depuis le confinement de l’atelier du monde.
La visite de Janet Yellen à Pékin la semaine dernière a été perçue comme positive par les deux pays. On a même beaucoup jasé sur les salutations inclinées à répétition de la secrétaire du Trésor des États-Unis devant un haut dignitaire chinois. Elle n’était même pas venue à Pékin pour se prosterner devant l'administration chinoise, elle avait tout simplement consommé des champignons hallucinogènes dans le restaurant pékinois. La presse en a fait des gorges chaudes mais le retour au réel est brutal.
La guerre technologique déclenchée par les États-Unis est toujours à l'ordre du jour. Pékin, en mesure de rétorsion, a décidé de suspendre les exportations de minerais indispensables à la fabrication des semi-conducteurs, ce qui évidemment déplaît au Washington. Dans le domaine commercial, Janet Yellen estime qu'il est prématuré d'envisager la levée des barrières douanières. Pour les industriels chinois, une seule alternative pour récupérer les commandes américaines consiste à passer par un pays tiers, en Asie du Sud-Est, ce qu'ils ont commencé de faire depuis plusieurs mois.
La Chine est aujourd'hui de loin le premier pollueur de la planète : elle s'est dotée en 2022 d'une centaine de centrales de charbon et n'est pas pressée d'y renoncer comme le souhaite John Kerry, surtout au moment que la reprise de l’économie se fait désirer. Pékin n'a d'ailleurs pas l'intention de réduire ses émissions avant 2030.
Car le climat est aussi un des champs de bataille de la guerre commerciale qui oppose la Chine aux États-Unis. Le Congrès américain a voté au printemps le retour des droits de douane sur les panneaux solaires chinois, taxes que Joe Biden avait suspendu pour assurer l'approvisionnement américain. Malgré la vague de chaleur qui s'abat aujourd'hui au Chine comme sur les États-Unis – et qui dépasse les clivages selon John Kerry ce contexte est plutôt refroidissant et peu propice aux concessions. La Chine ne se fera pas dicter son chemin par d'autres pays, (a rappelé Xi Jinping).