Journées mondiales de la jeunesse : les jeunes Africains sont présents au Portugal, malgré les difficultés
L’avion du pape, arrivé mercredi, et des avions de chasse qui l’escortent rasent le podium du parc Édouard VII où il présidera la cérémonie. Le premier rassemblement avec le pape a y lieu ce jeudi en fin d'après-midi (à 17h45 heure de Lisbonne, 18h45 heure de Paris) et les jeunes s'y préparent avec enthousiasme.
Chrystelle, 27 ans, est venue du Niger, elle portera le drapeau de son pays. Je vais porter le drapeau du Niger, on sera juste à côté pour voir le pape. Ça sera un message de paix, d’autant plus que le 3 août, c’est la proclamation de l’indépendance du Niger. On a quitté le jour même du coup d’État. À 8 heures du matin le vol a décollé, et quand on arrive à Lisbonne, on apprend qu’il y a eu un coup d’État. On est toujours dans l’inquiétude, on ne sait pas quand on va rentrer au pays. Notre prière, c’est que la paix revienne, que le gouvernement s’entende et qu’il prenne soin du peuple. »
Ismaël, lui, est soudanais, du Darfour. Refugié au Portugal, il va porte le drapeau du Soudan en proie à la guerre. Je suis très heureux d’être ici, où il y a la paix et l’amour. J’espère que cette visite du pape pourra changer la guerre pour des jours meilleurs, et pour nous, les jeunes, changer notre regard sur le monde.
Ce qui est important est que chacun partage son expérience, d'après Willy Mbomba du Gabon : ici, lors des JMJ de Lisbonne. Nous, jeunes du monde entier, l’Afrique en particulier, voulons justement partager cette joie, rendre plus forte cette Église, beaucoup, puisqu’elle est en perte de vitesse. Moi, je dis : non.
Plusieurs jeunes issus du continent africain n'ont pas pu venir faute de visa. C'est le cas des Camerounais : malgré 64 demandes déposées, la délégation camerounaise ne compte, par exemple, que 13 prêtres et une religieuse, et aucun d'entre eux n'a moins de 30 ans.
A l'abbé Clément Mevo, qui fait partie de la délégation camerounaise, des jeunes Africains sont privés de JMJ à cause de préjugés, une situation qu'il dénonce.
Il y a l’obsession, pratiquement la prison, par laquelle plusieurs s’enferment en pensant que toute personne d’Afrique qui veut (venir) en Europe, viendrait tout simplement pour ne plus rentrer... Je crois qu’on a aussi le droit d’être là, ou qu’on devrait avoir le droit d’être là, comme tous les autres.
L’espace Schengen obéit peut-être à des règles que l’on a du mal à maîtriser, mais ça part sur des présupposés, parfois, qui dépassent même la logique ordinaire. Lorsque tu est de l’Afrique, les conditions pour pouvoir obtenir un visa sont telles que si tu n’as absolument rien de sérieux à venir faire en Europe, tu n’as aucune raison de te laisser prendre dans ce jeu-là et de te laisser parfois humilier de cette façon-là. Voilà comment je vois les choses se passer.